L’impact du e-commerce sur le commerce physique

Dans un contexte de forte digitalisation des processus de vente, le e-commerce fait de plus en plus d’ombre au commerce physique. Suite à l’annonce de la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) du dépassement de la barre des 100 milliards d’euros de dépenses dans le commerce électronique en France en 2019, le CNCC (Conseil National des Centres Commerciaux) a réagi et dénonce les inégalités qui plombent le commerce physique.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

100 milliards d’euros de chiffre d’affaires : c’est la pallier symbolique atteint par le e-commerce en 2019, avant même la fin de l’année et les fêtes de Noël. En 2018, on comptabilisait déjà 92,6 milliards de chiffre d’affaires, ce qui représentait une augmentation de 13,4% depuis 2017. Le e-commerce se porte donc bien, et ses retombées ne cessent de croître. Mais cette santé mirobolante n’est pas sans conséquence sur le commerce physique.

Pour preuve, le CNCC vient d’annoncer la destruction de 10 400 emplois dans le commerce en France, imputables au seul géant du web Amazon. Ce chiffre serait naturellement bien supérieur au nombre d’emplois créés en parallèle, qui sont d’ailleurs essentiellement de natures intérimaires et saisonniers.

Et la France est loin d’être la seule touchée, puisque la Grande-Bretagne a annoncé la suppression de 85 000 emplois dans le commerce de détail, directement liée à la montée en puissance du e-commerce. Outre-Atlantique, les États-Unis font un bilan encore plus lourd : en quatre ans, 448 000 emplois auraient été détruits dans le commerce de détail, contre 178 000 créés par l’e-commerce.

Un contexte inégalitaire

Vu les cadres par lesquels sont régis e-commerce et commerce physique, difficile de rivaliser, et même de limiter les dégâts… Le CNCC souligne d’ailleurs la nécessité de rétablir un minimum d’équité fiscale entre un commerce physique surtaxé, et un e-commerce exonéré, qui plus est générateur d’externalités négatives. A titre d’exemple, Amazon ne paierait quasiment pas d’impôt en France, alors que le commerce physique croule sous diverses taxes, comme les taxes à la production ou les taxes foncières…

Le cri d’alerte du CNCC

Le Conseil National des Centres commerciaux a alerté les pouvoirs publics sur la dangerosité des multiples conséquences néfastes qu’occasionnent le développement du e-commerce sur le commerce physique, mais aussi de manière plus générale sur la société. Un rapport publié par Mounir Mahjoubi, député et ancien secrétaire d’État chargé du Numérique, pointe d’ailleurs du doigts les conséquences en matière d’économie : l’évasion fiscale, les ventes à perte, le non-respect des normes, l’absence de taxation des pure-players… Et en matière d’environnement, le e-commerce est tout aussi mauvais élève, notamment en raison des quelques 500 millions de livraisons à domicile de produits suremballés réalisées rien qu’en 2019.

Le CNCC a conclu en qualifiant la situation « d’inacceptable », tout en sommant aux pouvoirs exécutif et législatif de prendre des mesures de régulation, rappelant que « les destructions d’emplois parmi les 3 millions d’emplois du commerce en France ont commencé ».

Il semble donc plus qu’essentiel de réagir et de mettre en œuvre des dispositions pour corriger le tir, au risque de voir le commerce physique poursuivre sa descente aux enfers.